SITUATION
La maison Monnier se situe à l’ouest du bourg de Vissoie. Il s’agit, dans l’état le plus ancien, d’une puissante tour quadrangulaire dont les maçonneries ont reçu un traitement de type pietra rasa, typique du Moyen Âge pour le domaine castral. Le bâtiment a été agrandi probablement durant l’époque moderne par une cage d’escalier extérieur ainsi que d’autres édifices accolés à la tour qui ont permis l’agrandissement des appartements qui y ont été aménagés.
Étude archeologique
À la suite de travaux dans son appartement, Jean Tabin a contacté l’ARAVA afin d’évaluer le potentiel archéologique des maçonneries anciennes qu’il avait mises au jour. Les archéologues de l’association, après un premier diagnostic, ont décidé de procéder au décrépissage complet des murs, de dater les poutres encore présentes dans les maçonneries et de mener une étude préliminaire sur le bâtiment. C’est ainsi que le 17 novembre 2018, avec plusieurs membres de l’association, l’équipe archéologique s’est attelée à ces différents travaux.
L’étude archéologique des maçonneries dans l’appartement de Monsieur Tabin a permis d’observer que l’état de la tour est homogène et qu’elle n’a pas subi de gros travaux depuis sa construction, si ce n’est lors de son agrandissement. Les archéologues de l’association ont également pu avoir accès au rez-de-chaussée de l’édifice qui présente les mêmes types de maçonneries que le reste de la tour. L’entrée de la tour au niveau du sol est constituée par une grande ouverture voûtée où se trouvent sur la face ouest plusieurs poutres taillées insérées dans la maçonnerie qui devait servir soit de support à une imposante porte, soit de support à un éventuel escalier qui permettait d’accéder aux étages par l’extérieur. Ces poutres ont fait l’objet de prélèvements en vue d’une datation dendrochronologique qui a fourni une datation entre 1448 et 1449. |
Interprétation historique
Cette tour ne date donc pas de la construction du bourg, estimée avant 1235, et son absence dans les sources ne nous permet pas de savoir par qui et pour quoi elle a été construite. Au niveau du contexte historique, il semblerait étrange que le seigneur d’Anniviers Hildebrand de Rarogne, alors fortement endetté, soit à l’origine de cette construction. Il semble également peu probable que les évêques Guillaume III de Rarogne ou Henri Asperlin en soient à l’origine, la suzeraineté de la vallée ne revenant à la mense épiscopale qu’à partir de 1467. Est-ce l’initiative d’un riche Anniviard ? Affaire à suivre.